Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 21:00

Horn RougeLu par Francis Richard,

Défis rentrée littéraire 2015 et Thrillers et polars.

Le site de l'éditeur - merci pour l'envoi! Et le site de l'auteur.

 

Tout commence dans le monde reclus d'un hôpital psychiatrique situé vers Lausanne. Des personnes détenues à la suite de condamnations pénales y marinent. Quelques collaborateurs leur administrent leurs pastilles et lisent le journal, lucarne ouverte sur l'actualité. C'est pourtant dans le monde clos de l'hôpital, protégé a priori, que l'actualité va soudain déferler, suivie de la police. Neuf ans après "La Piqûre", premier roman remarqué, Marie-Christine Horn (qui signait alors Marie-Christine Buffat) confie une nouvelle mission à Charles Rouzier, son policier. Et force est de constater que "Tout ce qui est rouge" est un roman qui sonne vrai et ne prend pas de détours pour toucher à l'essentiel.

 

Certes longs, les deux premiers chapitres sont pour l'auteur le moment de planter le décor, patiemment et avec minutie. Le lecteur comprend comment fonctionne un lieu d'incarcération psychiatrique, mais découvre aussi ses contraintes et servitudes, y compris en matière de ressources humaines: les gens sont là, motivés, mais derrière, il y a une part de bricolage, budgets et contraintes organisationnelles obligent. Le lecteur peut avoir l'impression, par moments, qu'on se perd dans des détails; mais ceux-ci seront utiles plus tard. Et il faut relever qu'on ne s'ennuie pas. Cela, d'autant moins qu'on a envie de voir apparaître le fameux Charles Rouzier...

 

... c'est qu'à l'instar d'un Molière qui ne fait entrer en scène son très attendu Tartufe qu'à l'acte 3 de la pièce éponyme, l'auteure sait faire attendre les lecteurs qui connaissent le bonhomme - cet homme vieillissant, friand de barres de céréales et admirateur de sa secrétaire. Et dès lors qu'il est là (au chapitre 3, tiens!), l'enquête policière proprement dite commence... et le rythme de "Tout ce qui est rouge" s'accélère. Si les habitués de Marie-Christine Buffat retrouvent avec bonheur la figure de Charles Rouzier, les autres suivront avec tout autant de plaisir le personnage de Nicolas, jeune homme attachant au coeur d'artichaut, devenu chef un peu trop vite, et que tout accable: un suspect trop idéal pour qu'on le croie vraiment coupable... mais enfin, rien n'est exclu!

 

L'auteure choisit d'explorer le monde de l'art brut, ce qui confère à "Tout ce qui est rouge" son indéniable originalité. Le lecteur intéressé retrouvera au fil des pages certains artistes connus du genre; il sera invité à revisiter le Musée de l'art brut de Lausanne... et à voir quelques cadavres qui ressemblent aux oeuvres qui y sont exposées. C'est que l'écrivaine fribourgeoise construit un profil de coupable pour le moins singulier!

 

Il y a enfin, à chaque phrase, à chaque chapitre, une volonté d'aller rapidement au fond des choses, et à le faire sentir au lecteur. Cela passe par un style extrêmement direct, qui évite cependant l'écueil du voyeurisme ou de la vulgarité gratuite, et par des descriptions sans fard de ce qui se passe - quitte à bousculer, à choquer. D'une manière générale, du reste, l'auteure adopte une voix naturelle, cash et sans détour, qui s'avère accrocheuse: il est permis ici de dire "franc-parler".

 

On pourra certes reprocher à l'éditeur d'avoir laissé passer des coquilles et impropriétés, mais c'est secondaire pour qui - et ça ne manquera pas - se laisse prendre par l'histoire. En définitive, et c'est cela qui compte, "Tout ce qui est rouge" est un roman puissant, troublant comme une toile peinte au sang menstruel, solide et captivant comme tout polar classique, haletant, où le lecteur tient à tout prix à deviner qui est le coupable - et aime se faire balader d'un suspect à l'autre au fil des pistes plus ou moins fausses avant qu'on ne lui révèle enfin la vraie.

 

Marie-Christine Horn, Tout ce qui est rouge, Lausanne, L'Age d'Homme, 2015.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Daniel Fattore
  • : Notes de lectures, notes de musique, notes sur l'air du temps qui passe. Bienvenue.
  • Contact

Les lectures maison

Pour commander mon recueil de nouvelles "Le Noeud de l'intrigue", cliquer sur la couverture ci-dessous:

partage photo gratuit

Pour commander mon mémoire de mastère en administration publique "Minorités linguistiques, où êtes-vous?", cliquer ici.

 

Recherche

 

 

"Parler avec exigence, c'est offrir à l'autre le meilleur de ce que peut un esprit."
Marc BONNANT.

 

 

"Nous devons être des indignés linguistiques!"
Abdou DIOUF.