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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 19:47

hebergeur imageLu par Aurélie Poumailloux, Craklou, Evilysangel, Lili, Majanissa, Mélusine, Mrs Pepys.

 

Hollywood. Comédie romantique. On pourrait croire que ces deux termes vont ensemble, au moins un peu. Il n'en est rien... C'est ce que donne à croire Camille Pouzol dans son roman "Comme à Hollywood". Un roman qui se présente comme le rapprochement entre deux êtres que tout sépare... et s'avère profond, amer et en bonne partie introspectif. Quitte à paraître long, par-delà l'exercice de virtuosité littéraire techniquement réussi consistant à se mettre dans la peau d'une star de cinéma du calibre de George Clooney.

 

Rappelons brièvement l'histoire de "Comme à Hollywood" - qui, au-delà des apparences (et de la couverture vivement colorée), n'a rien d'une comédie romantique, disons-le d'emblée: une vedette de cinéma hollywoodienne raconte son histoire d'amour avec Juliette, professeur de danse parisienne. Cette rencontre improbable, qui pourrait servir de toile de fond à une comédie romantique, est au contraire un prétexte pour montrer ce qui fait que la vie d'une star hollywoodienne ne sera jamais normale.

 

Le côté méthodique de cette démonstration démarre avant même la rencontre entre le narrateur et Juliette. L'auteure a beau jeu de mettre en scène un personnage principal blasé, qui fait son travail d'acteur comme n'importe quel burelain effectue le sien et se torche méthodiquement lors des pots d'entreprise - qui sont en fait des remises de distinctions prestigieuses. Sa hiérarchie essaie de le cadrer, bien sûr, allant jusqu'à l'envoyer en cure de désintoxication... L'impression d'un personnage blasé est bien soulignée par le style de l'écriture, plutôt viril et canaille: le lecteur se dit que le narrateur a une voix, une vraie. Une tatouée, serait-on tenté d'ajouter.

 

Dès lors, le virage vers quelque chose de plus ostensiblement littéraire paraît peu crédible. Celui-ci s'impose pourtant avec l'usage massif d'anaphores dans le chapitre qui commence à la page 89 - et relate des impressions qui suivent une certaine épectase: difficile d'accepter, pour le lecteur, qu'un personnage comme celui avec lequel il a fait connaissance se mette à faire des phrases après un orgasme, si mémorable qu'il soit.

 

Dès lors, le lecteur se fait plus sourcilleux... Il n'est pas évident, d'emblée de jeu, de comprendre le lien entre ce que le narrateur vit au moment de la narration et les longs paragraphes (parfois plus d'une page) où celui-ci relate ses problèmes de virilité vacillante (un défaut à la cuirasse, parce qu'il en faut bien un, mais celui de l'impuissance paraît un poil convenu, surtout depuis le génial "Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable" de Romain Gary) ou ses souvenirs houleux de jeunesse. Dès lors, cela paraît fort long, et la présence de passages dialogués plus rapides ne parvient pas à gommer complètement cette impression. Il en résulte une sensation de déséquilibre défavorable.

 

Le lecteur qui s'attend à une comédie romantique alerte et dynamique en lisant la quatrième de couverture de "Comme à Hollywood" sera donc déçu. En réalité, ce roman s'avère plutôt une démystification en mode mineur, méthodique et implacable, de la figure de la star hollywoodienne. Une star qui vit dans un monde faux, où il lui est parfaitement impossible de vivre, tout simplement, une histoire d'amour comme tout le monde le fait.

 

Reste que le recours fréquent aux retours sur le passé et à une introspection nombriliste, sans véritable partage (les personnages du roman ne sont guère interpellés, et le lecteur l'est encore moins - alors qu'il l'est dans des romans aussi accrocheurs que "Confessions d'une accro du shopping" de Sophie Kinsella), laisse l'impression d'un roman qui tourne autour de son sujet sans se soucier, autant qu'il le faudrait, de l'intérêt du lecteur. Cela, en dépit de choses vues fort justes et pertinentes, pointues même, qui indiquent que l'auteur sait de quoi elle parle. Dommage...

 

Camille Pouzol, Comme à Hollywood, Paris, Robert Laffont, 2010.

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