Lu par Agathe, AleXa, Art Souilleurs, Biblioblog, Chaplum, Claude Le Nocher, Emeralda, Les ados et la lecture, Morgane, Mrs Pepys, Neph, Philippe Poisson, Sharon, Sophie, Stemilou.
Défi Thrillers et polars.
La Première guerre mondiale est un sujet d'actualité. Il est dès lors pertinent de se plonger dans les enquêtes de François-Claudius Simon, imaginées par Guillaume Prévost et qui trouvent leur cadre dans l'immédiat après-guerre. "La valse des gueules cassées" est le premier d'une série de trois romans; il est paru en 2010 chez NiL. Il était grand temps que je m'y mette...
Rappelons brièvement l'intrigue de "La valse des gueules cassées": en 1919, des cadavres horriblement défigurés sont retrouvés à Paris, et le Quai des Orfèvres est sur la brèche. Ces cadavres rappellent de façon évidente les "gueules cassées", militaires revenus de la guerre défigurés ou mutilés. A qui profite le crime? Un fond d'horreur s'installe...
Vivace d'esprit, François-Claudius Simon est aussi un débutant dans la police; l'auteur insiste sur ce point en allant jusqu'à décrire la première journée de travail de son personnage. Originale, la mise en scène d'un débutant l'est indéniablement: l'auteur a pas mal de latitude pour montrer un personnage humain, pas encore routinier, qui fait des erreurs et a des coups de génie. Et qui osera démasquer le coupable... Tout cela le rend éminemment sympathique.
"La valse des gueules cassées" est un polar classique, où le coupable n'est connu qu'à la fin, au terme d'une vaste enquête de terrain, assortie d'un brin de réflexion qui permet de trouver et d'assembler progressivement les pièces du puzzle. Il est agréable de lire un roman qui n'est pas bourré de gadgets technologiques - il y a là une vraie ambiance de lutte des policiers contre les coupables, avec les moyens du bord (la police scientifique débute) et sur fond de guerre des polices. Et c'est l'humain, non l'informatique, qui finit par faire la différence!
L'auteur excelle du reste à créer des caractères qui sonnent vrai, chacun à sa manière - qu'elle soit détestable, comme ce couple Maupin pétri de préjugés racistes primaires, ou franchement sympathique, comme la logeuse de François-Claudius Simon. On trouvera aussi, au fil des pages, une socialiste féministe au tempérament bien trempé (à une époque où les socialistes de tous les sexes étaient considérés comme de dangereux agitateurs), et d'anciens combattants qui manient l'humour pour mieux vivre avec les mutilations qu'ils ont subies.
Les éléments de terrain permettent aussi à l'auteur de montrer une époque, ce qu'il fait avec érudition et sensibilité - sans lourdeur, avec un parfait naturel. L'actualité elle-même est présente, entre autres par le biais de la figure de Landru, qui crée un contrepoint réel et familier à une enquête imaginée. Le titre du livre, quant à lui, trouve une concrétisation littérale plutôt terrible dans ce roman alerte et accrocheur, qui soigne les ambiances et est constamment traversé par le souci de faire revivre une époque particulière et les gens qui l'ont vécue.
Guillaume Prévost, La valse des gueules cassées, Paris, NiL, 2010.
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